❝ loving can hurt, loving can hurt sometimes but it's the only thing that i know. when it gets hard, you know it can get hard sometimes, it is the only thing that makes us feel alive

Bellamy n'a jamais aimé les surprises. Il aime prévoir, planifier, il aime l'ordre et il a les imprévus en horreur. C'est sans doute son éducation et l'obsession de sa mère pour la bienséance qui veulent ça. Il sait que cela peut être agaçant pour ses proches et ses amis ne se gênent pas pour le lui faire remarquer. Toujours sur le ton de l'humour, toujours en restant taquins. Personne ne le lui reproche clairement mais il sait qu'il emmerde tout le monde lorsqu'il râle à propos d'une soirée qui s'organise à la dernière minute ou d'un pique-nique à la bonne franquette. Il fait des efforts, il essaye ou en tout cas il se dit qu'il le fait. La seule personne pour laquelle il est un peu disposé à surveiller son propre comportement, c'est Gabriel. Il le fait presque sans s'en rendre compte maintenant et lorsqu'il y réfléchit, c'est foutrement effrayant. Il commence à savoir avec précision ce qu'il ne faut pas dire, ce qu'il ne faut pas faire mais ce n'est pas pour autant qu'il se montre plus conciliant. Il ne l'admettra pas de sitôt mais au fond, Bell aime s'engueuler avec son mec. Il y a quelque chose de profondément excitant dans chacune de leurs disputes, il y a toujours un moment où l'envie de lui sauter dessus prend le pas sur l'envie de gifler Gabriel. C'est cet instant-là que Bellamy guette avec hâte, l'instant où l'atmosphère change imperceptiblement, où les respirations s'arrêtent une seconde, deux et reprennent, superficielles, désordonnées, l'instant où l'envie d'agripper sa nuque, d'explorer sa peau fait trembler ses mains. C'est pour ça que Bellamy est maladroit, c'est pour ça qu'il s'autorise des réflexions idiotes parfois, c'est pour ça qu'il se permet de faire le difficile.

Mais pas aujourd'hui.

Un sms l'a réveillé en fin de matinée et il a grogné avec l'idée d'envoyer chier l'abruti qui a décidé de ruiner la fin de sa nuit. L'abruti en question se trouvant être son petit-ami, Bell a remis au placard – ha, ha, ha – sa réaction initiale et il l'a retrouvé après un saut dans son café préféré. « On va où ? » marmonne Bell, le nez dans son café extra large. Les examens ont été difficiles, il n'a pas encore tout à fait récupéré et il avait prévu de passer la journée sous la couette. A la réflexion, il aurait dû faire un caprice et exiger que Gabriel le rejoigne. Ses parents ne sont pas là pour le week-end, Constance n'est jamais là et son lit lui manque déjà. Il frissonne malgré le pull et le bonnet qu'il a enfoncé sur ses boucles sales. Vivement l'été, vraiment. « Faut prendre la voiture ? Je suis garé, euh, pas loin. Bonjour au fait » qu'il ajoute en se penchant pour l'embrasser. Délicatement, légèrement. Grand contraste avec leurs baisers habituels mais il est encore tôt et Bell est disposé à être conciliant aujourd'hui.