Comme une dose d'adrénaline sulfureusement injectée

GEMMA & RON

 

ALLEZ VIENS, J'T'EMMENE AU VENT ✻✻✻ Des heures et des heures passées à expliquer, à opérer et à contenter. Des heures à se tuer à la tâche pour ne jamais être pleinement satisfait. La journée a été longue, comme souvent, comme toujours en réalité. Des imbéciles qui croient que les médecins sont magiciens, mais non, parfois, les gens meurent et on ne peut rien y faire. Un décès de trop dans la journée. Se sent-il coupable ? Certainement pas, le patient ne s'est pas suffisamment battu à son goût, et pourtant, il sent cette boule au fond de son ventre, comme s'il était le responsable de cette peine infligée à cette pauvre famille. Mais lui aussi, il en a perdu des proches, pas complètement certes, parce qu'ils sont à l'autre bout du monde. Mais il connait cette peine, cette souffrance qui vous prend à la gorge, comme si on ne pouvait plus s'en défaire. Eux n'ont pas le sang qu'il a sur les mains, eux ne ressentent pas ce qu'il ressent dans la salle d'opérations, ils ne sont pas là, ils ne peuvent rien dire. Pas une critique, pas une remarque, parce qu'elle serait bien malvenue contre quelqu'un qui essaie simplement de réparer ce qui a été cassé, de sauver des vies en permanence, sans même pouvoir se préoccuper de la sienne.

Son bureau parait vide, il peut s'entendre respirer Ron, il n'y a que son silence et sa présence dans ce bureau. Les murs blancs, cette odeur fruitée venant du diffuseur, non, ça n'a rien de beau, ça ne donne pas vraiment envie d'y rester, d'y passer son temps libre. La journée est pourtant fini, et lui, il perdure, il s'enferme peu à peu dans un enclos. Gemma. Son rendez-vous. Sa montre lui indique qu'il est temps d'y aller, que la nuit est déjà tombée et qu'il faut qu'il cesse de penser, comment souvent. La blouse négligemment jeté sur son fauteuil, il déboutonne les deux premiers boutons de sa chemise parfaitement ajustée. Elle ne doit pas encore être arrivé, et puis même si c'est le cas, elle ne le préviendra pas, parce qu'elle n'est pas comme toutes ces filles Gemma, elle n'est pas impatiente. Les marches paraissent une éternité à monter, l'escalier n'en fini plus, et enfin, lorsqu'il arrive en haut, il pousse un soupir de soulagement. Ses yeux scrutent le toit de l'hôpital de parts et d'autres, et cette silhouette au loin lui confirme qu'il n'est pas le premier arrivé.

Ses pas se font discrets, il n'aime pas la brutalité, il ne veut pas l'effrayer et risquer de la retrouver en bas. Elle ne doit pas être réparé Gemma, il ne veut pas la réparer, pas comme un diamant qui aurait perdu de son éclat. Gemma, c'est tout l'inverse, elle scintille de plus en plus au fil du temps, et le sourire qu'elle lui offre en le sentant arriver confirme allègrement ces dires. Sa main vient effleurer sa joue délicatement, tandis que ses lèvres se plaquent doucement dans son cou. "Ça fait longtemps que tu attends ?" Demande Ron, parce que rien ne sert de la saluer avec des mots, ses gestes ont suffit, il en est convaincu. A en voir sa peau pâle et ses joues fraîches, cela doit certainement faire un moment qu'elle est ici. Il s'assoit sur le rebord du toit près d'elle et tire gentiment son bras de façon à la faire pencher sur le côté pour que sa tête atterrisse sur ses genoux, pour qu'il puisse jouer avec ses cheveux, les emmêler sur ses doigts, sentir leur douceur...

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