Ça n'est juste plus possible. Plus tenable. Une semaine que tu es sans nouvelles. Et croyez-moi, une semaine, ça fait long quand on surveille son portable toutes les dix secondes. Mais non, rien. Pas un sms, pas une réponse, pas un appel qu'elle aurait pris. Rien du tout. Silence radio. Si tu n'avais pas demandé à votre mère, de façon détournée, si elle avait des nouvelles d'elle (la réponse étant oui, elle va très bien), tu aurais paniqué.
Mais non. Ce n'est qu'à toi qu'elle ne répond pas, la garce. Enfin, la garce, c'est ta soeur, dans ce cas-là. Alors, au culot, tu te pointes directement chez elle. Rien à foutre. T'es plus à ça près, et pour le coup, ça t'a mis vraiment en colère ce nouveau coup de distance et d'éloignement soudain. C'est pas comme si c'était la première fois que ça arrivait. Parfois c'est toi, mais c'est vrai que c'est plus souvent elle. Et c'est.. agaçant ! Frustrant, parce qu'elle te manque. Frustrant surtout parce qu'elle ne devrait pas te manquer. Tu serres les poings en montant les marches. La colère est là, et en même temps, t'as juste envie de la revoir. Partagé entre l'interdiction et l'entente fraternelle, tu erres, sur des chemins vertigineux qui vous conduisent tout droit au pic d'un sommet que vous ne devriez pas atteindre. Et dont vous allez dégringoler.
Salement.

Trois coups à sa porte. T'es pas patient, aujourd'hui. La patience, t'en n'as plus (et t'en n'as jamais vraiment eu, en fait) ! Alors, tu laisses passer seulement quelques secondes avant de t'exclamer, de l'autre côté de la porte : « Alex, ouvre-moi cette porte, je sais que t'es là c'est bon ! » En fait, c'est surtout du bluff. Elle n'est peut-être même pas là. Mais bon, si elle y est, ça marche généralement toujours bien. En attendant, tu souffles un bon coup. Faut pas que tu perdes tes moyens comme ça, Iago ! Tu l'sais. Mais c'est plus fort que toi. Tout ce qui touche à Alex te touche aussi, et c'est comme si c'était encore plus fort. Comme si un souffle d'air tiède s'écrasant sur sa joue allait, toi, te renverser comme une tornade brûlante. Faudrait peut-être que tu te barres, un moment, loin d'ici. Pas trop longtemps, quelques mois. Mais très loin d'ici, loin d'elle. Et cette simple idée te tord l'estomac.
T'en serai jamais capable, et tu le sais parfaitement. Alejandra, c'est un peu le port d'ancrage qui te retient ici. Avec elle, tu coules, mais sans elle, tu dériverais jusqu'aux abysses les plus profondes. Alors, si vous allez aller au fond, autant y aller ensemble, non ?

cela faisait plusieurs semaines que ça durait. à vrai dire je ne voyais même pas vraiment le temps passer. je sais juste que depuis une semaine j'en avais profité pour m'éloigner un peu de mon frère. de cette relation chaotique et passionnelle que nous avions. nous ne pouvions pas continuer ainsi. il fallait que l'un d'entre nous reprenne les commandes ou je ne sais pas. mais il fallait faire quelque chose. pourtant je m'étais entêtée à faire des recherches sur mes parents. depuis mon plus jeune âge, mon père a toujours entretenu une relation ambigu avec iago. on a longtemps pensé que c'était pour qu'il advienne de mon frère un homme correct et que mon père était du genre assez réservé, mais je savais qu'il y avait quelque chose. il m'a souvent fait des sous entendus. comme quoi c'était le seul brun de la famille, qu'il avait des yeux d'un autre et non d'un rossi. je pensais qu'il rigolait ou alors qu'il enviait mon frère. mais je n'avais jamais réellement pensé que mon frère pouvait ne pas être le fils de notr... mon père. j'ai donc profité des ressources de l'université et de mes contacts pour faire des recherches sur ma mère et iago. c'était mal. je sais que j'aurais dû en parler à mon frère. après tout c'était le premier concerné. mais je voulais le découvrir de moi-même. s'il le découvrait tout seul... je sais pas comment il réagirait. alors je préférais m'en assurer moi-même d'abord et après lui en parler. ou peut-être d'abord vraiment le confirmer avec ma mère. même si je ne pense pas qu'elle m'avouera sa possible infidélité.

j'étais donc assise par terre dans mon salon, l'ordinateur sur mes genoux et mille et un papiers qui tapissaient le sol. je devrais vraiment penser à faire du rangement. mais c'était tellement intéressant et j'avais tellement envie de savoir la vérité que je me devais de rester ici. j'avais même fait quelques nuits blanches d'ou sûrement les cernes sous mes yeux qui me piquaient. je crois que je n'avais même pas changé de tenue depuis trois jours. bon d'accord c'est sale, mais je voulais connaitre la vérité le plus rapidement possible. malheureusement, il y avait toujours quelqu'un pour me déranger. trois cous résonnèrent à ma porte d'entrée. je me disais que ça devait être le coiffeur, mais quand j'entendis sa voix... cette voix qui me procure mille et une sensations. je ne pouvais pas juste l'oublier. cela faisait une semaine que je ne lui avais pas donné contact ou quoi que ce soit. je savais qu'il allait perdre patience mais jusqu'à venir chez moi... en plus j'avais toutes ces preuves sur le sol de mon salon ! je me dépêchai donc du mieux que je pouvais pour tout ranger, balancer ces papiers dans la corbeille ou les mettre sous le canapé. puis je me dirigeai en trainant des pieds vers la porte d'entrée. quand je le vis, ses yeux d'un brun cendrés et ses cheveux en bataille. ma petite voix dans ma tête me disait de le prendre dans mes bras et de l'embrasser. mais je pouvais pas faire ça, c'était mal. pourtant l'envie me brûlait en moi. il fallait que je sois forte. "oui ? tu veux quelque chose ? je suis en pleine révisions donc tu n'as pas besoin de t'inquiéter." maintenant il fallait que je ferme la porte et c'est ce que je faisais à contre-coeur. mais d'un côté je savais qu'il l'a ré-ouvivrait.